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2013

Les barres d’immeubles ou vivre dans un environnement urbain médiocre!

Depuis une cinquantaine d’années et à quelques exceptions près, Genève ne construit pratiquement plus que des barres d’immeubles sur tout son territoire. Sauf erreur, il y a quelques décennies, on ne parlait pas de plan localisé de quartier, ce qui permettait aux promoteurs de construire des bâtiments tels que nous les connaissons encore aujourd’hui (Cité nouvelle d’Onex et Meyrin). Les mentalités ayant de la peine à changer, ce type d’urbanisme, bien que dépassé parce qu’il n’offre pas un cadre de vie convivial à ses habitants, semble encore bénéficier des faveurs des promoteurs et des architectes, même si tout récemment, François Longchamp s’est prononcé pour plus de créativité dans les projets urbanistiques.

Aujourd’hui hélas, le déclassement des zones villas et des terres agricoles, la densification, la mutilation, voire la destruction des lieux où la qualité de vie prenait tout son sens, sont des actes devenus trop nombreux. Ces secteurs habités ou cultivés sont trop souvent remplacés par des blocs d’immeubles en barre, souvent impersonnels et sans âme. Le constat est affligeant puisque le développement durable et harmonieux des quartiers n’est plus respecté. Pour François Longchamp : « les immeubles en barres sont des oreillers de paresse pour les promoteurs et les architectes ». L’exemple du quartier de Pinchat, en-dessus du tunnel de Carouge, en est un bon exemple: un vallon, un château qui domine la route et, surgissant de terre, de grandes barres d’immeubles, impersonnelles, rectilignes qui gâchent complètement ce lieu où à l’origine devaient paître les moutons. La réalisation extérieure de ce quartier est attristante, tant du point de vue architectural, visuel  que convivial. Pouvons-nous imaginer cet endroit  aujourd’hui si nous avions fait participer les habitants à l’élaboration de leur cadre de vie ?

Aujourd’hui, en constatant tous les dégâts réalisés sur notre patrimoine bâti, nous ne pouvons que militer contre cet urbanisme anonyme, un copié-collé d’un quartier à l’autre nonobstant quelques modifications, en opposition avec un urbanisme humain, agréable et généreux, voire un peu original, s’adaptant à la spécificité des lieux. Rien que pour éviter cela, la participation citoyenne s’avère indispensable lors de l’élaboration d’un nouveau quartier.

Tout récemment, l’Etat a bien décidé d’inclure les citoyens dans son concept « Genève veille » concernant la sécurité, pourquoi ne pas l’appliquer pour l’urbanisme, la mobilité et autres sujets importants de la vie des genevois ?

Plus de créativité et de diversité  dans les projets urbanistiques

« A Genève, le système des plans localisés de quartier (PLQ) a abouti à une standardisation des constructions avec de nombreux immeubles en barre », déplore François Longchamp, chef du Département de l’Urbanisme.

« Les PLQ judiciarisent très rapidement la procédure, ce qui fige le paysage urbain pendant des années avant la construction effective de logements. Une fois adoptés, les PLQ sont souvent déjà démodés » explique encore François Longchamp. Le processus, qui se révèle lent et complexe, privilégie par ailleurs les phases d’opposition au détriment de la concertation.

Pour y remédier, il a mis en place un groupe de travail pour réformer en profondeur les PLQ* car ces derniers imposent des pratiques administratives offrant peu de place à la créativité. Il en résulte donc « une perte de qualité du domaine bâti ». Ce groupe de travail est composé d’architectes, d’urbanistes, d’ingénieurs, de promoteurs et de constructeurs et a été constitué en novembre dernier. Si l’on excepte les représentants de la Cour des comptes, il manque de toute évidence des membres de la société civile, les premiers concernés, les citoyens et bien évidemment les propriétaires des lieux que l’on va détruire ! Ce groupe de travail devra présenter un plan d’action pour combler les lacunes citées plus haut tout en conservant les avantages des PLQ, à savoir une certaine stabilité juridique ou encore une répartition claire des droits à bâtir.


Les conclusions de cette étude sont attendues à fin juin et les recommandations de la Cour des comptes sur le sujet seront intégrées dans les résultats finaux du groupe de travail, pour l’élaboration d’une loi à l’automne.

Il sera temps alors pour notre Conseiller d’Etat de passer de la parole aux actes et de faire confiance au bon sens de la population. Donnons un exemple : quand les habitants du quartier des Semailles (lien + lien pétition) proposent un projet alternatif aux barres d’immeubles offrant même une densité supérieure à celle du Conseil d’Etat tout en sauvant trois maisons patriciennes. L’Etat refuse, prétextant qu’il est trop tard, alors que le début des travaux sur tout chantier de l’Etat ne respecte pratiquement jamais l’agenda programmé !

Toute modification de lois prend du temps et d’ici que la commission rende ses conclusions, que la loi soit votée, que l’administration change ses méthodes, des quartiers entiers seront sacrifiés.

Le projet de loi PL 10965, qui prévoit une densification minimale mais pas maximale, va encore favoriser une densification à outrance donc la construction de barres d’immeubles ou de tours.

Projet de loi : cliquez

Proposition :

  • L’Etat et les communes devraient déterminer ensemble l’indice de densité de chaque zone à bâtir.
  • Dans le cadre de cette densité (et de toutes les autres contraintes imposées par plus de 100 lois régissant la construction à Genève), mettre en place un processus de concertation avec les habitants concernés, souvent propriétaires, pour qu’ils puissent choisir la forme urbaine qui leur convient le mieux, en fonction de leurs envies et de la géographie du quartier concerné. On pourrait imaginer organiser systématiquement des concours d’avant-projets sur la forme urbaine.
  • Ensuite seulement, le projet serait travaillé dans les détails par l’Office de l’urbanisme.

Affiche: cliquez ici

Lien article sur la participation citoyenne: cliquez ici

Association Pic Vert 2013: Construire avec les associations et les habitants: cliquez ici

Projet de loi 11112 Planification territoriale: pour une répartition équilibrée des compétences communales et cantonales: cliquez ici


Le groupe de travail a rendu son rapport!

Réformer l'outil PLQ pour retrouver l'envie d'inventer la ville!

Source: point de presse du Conseil d'Etat du 30 octobre 2013

Le Conseil d'Etat a pris connaissance du rapport du groupe de travail constitué en novembre 2012, sous l'impulsion du département de l'urbanisme, chargé de proposer une réforme du plan localisé de quartier (PLQ). Le gouvernement soutient ainsi l'évolution de cet outil fondamental de l'aménagement du territoire, qui vise une plus grande diversité et adaptabilité des projets, tout en plaçant la qualité du projet urbain au centre des préoccupations. Le Conseil d'Etat a également adopté un projet de loi pour permettre cette réforme, qui est transmis au Grand Conseil.

« Marre des barres », tel était le constat fait en novembre 2012 par le conseiller d'Etat François Longchamp lors de la Journée du logement. Afin de permettre plus de créativité et de diversité des formes urbaines, il a désigné une « task force PLQ » pour réfléchir à une réforme de cet outil de planification. Le rapport de la task force propose plusieurs pistes, pour définir des projets urbains dont la morphologie s'adapte d'une part au contexte (aspect spatial) mais aussi à la diversité des besoins (aspect social). La stabilité juridique que fournit le PLQ, tout comme le contrôle démocratique dont il fait l'objet, sont renforcés par la mise en place d'un processus de concertation dès le début des réflexions. Le nouvel outil PLQ sera au final moins contraignant sur la forme des bâtiments (rendant l'architecture aux architectes), mais tout aussi précis en ce qui concerne son rapport aux espaces publics existants et futurs ainsi que son programme d'affectation.

Modification de l'outil PLQ

L'aspect central des modifications proposées consiste à placer les espaces publics, et non plus les bâtiments, comme élément majeur du PLQ (inversion du regard). L'implantation précise des constructions et des parkings souterrains, telle que pratiquée aujourd'hui, n'est dorénavant plus obligatoire. En contrepartie, les principes de composition urbaine et d'aménagement des espaces publics seront mieux définis pour en augmenter la qualité. Cela implique des ajustements de l'art. 3 de la loi générale sur les zones de développement (L 1 35) qui définit le contenu minimal du PLQ.

S'agissant des bâtiments, on parlera désormais d'aire d'implantation. Il s'agit d'un ou de plusieurs volumes constructibles indiqués dans le périmètre du PLQ. Le programme se définit ainsi par trois composantes impératives: la hauteur maximale des constructions, la surface brute de plancher et la répartition des affectations. Cela permet de laisser la place à une meilleure expression architecturale et favorise la diversité des formes urbaines au sein du volume défini.

Pour renforcer encore la flexibilité de l'outil, il sera possible de délimiter des sous-périmètres, pour lesquels les règles d'aménagement de base ne seront précisées que dans un deuxième temps (PLQ de détails), une fois les porteurs de projets connus. Ces PLQ spécifiques pourront bénéficier d'une procédure d'adoption allégée. Les problématiques foncières et de financement de l'équipement pourront ainsi recevoir un premier traitement très en amont, à l'échelle de l'ensemble du périmètre, sans que les principes de composition urbaine et d'aménagement des espaces publics et collectifs n'y soient prédéterminés. Cette flexibilité est souhaitable en particulier lorsque les horizons de réalisation, sur une partie des parcelles concernées par le PLQ, sont plus lointains. Ce sera particulièrement utile dans le cas des périmètres de grande ampleur, notamment pour les grands projets.

Modification du processus d'élaboration des PLQ

Outre ces modifications relatives au contenu de l'outil PLQ, il est prévu de permettre la cession gratuite de terrains pour la réalisation d'équipements publics. De même, afin d'améliorer l'opérationnalité de l'outil, l'expropriation des droits à bâtir créés par un PLQ est rendue possible par une modification de la loi sur l'expropriation pour cause d'utilité publique (L 7 05). Elle ne devra toutefois être utilisée que comme ultima ratio de sorte à faciliter la réalisation de projets adoptés.

Aussi, selon les principes de la nouvelle Constitution, la concertation avec les interlocuteurs privilégiés que sont les communes et les propriétaires sera renforcée. En effet, des engagements formels seront pris pour définir un planning précis de concertation et désigner les acteurs pertinents lors des phases amont de l'élaboration du projet (dès les études d'opportunité et de faisabilité). Des bilans de concertation seront établis lors des principales étapes du processus.

Composition de la task force PLQ

La task force chargée d'élaborer la réflexion est composée des représentants des entités suivantes: office de l'urbanisme (département de l'urbanisme), Fédération suisse de urbanistes, Fédération des architectes et ingénieurs de Genève, Fondation pour la promotion du logement bon marché et de l'habitat coopératif, Association des promoteurs constructeurs genevois, commission de l'urbanisme, commission de l'architecture ainsi que l'architecte cantonal. Cette entité est épaulée par un groupe de consultation, chargé de réagir aux propositions de la task force. Il se compose de représentants des communes, de l'administration cantonale, d'associations et de fondations. Des experts ont également été consultés à diverses reprises sur des sujets spécifiques. Ils se sont joints à la task force et au groupe de consultation lors d'ateliers élargis.

(Voir présentation)

Pour toute information complémentaire : M. François Longchamp, conseiller d'Etat chargé du département de l'urbanisme (en contactant Mme Rafaèle Gross, chargée de communication, DU, 022 327 94 24 ou 076 313 01 25).

il manque toujours les membres de la société civile, les premiers concernés, les citoyens et bien évidemment les propriétaires des lieux que l’on va détruire !

2019

 Urbanisme et Patrimoine

Lettre du 24 septembre à M. Hodgers: cliquez ici

Réponse du Conseiller d'Etat: cliquez ici

2020